Ouverture unique le samedi de 9h30 à 11h30

Septembre 2020

 

Au nom de la vérité - Viveca Sten

La Saint-Jean approche. A Lökholmen, une petite île en face de Sandhamn, une soixantaine d'enfants est rassemblée pour un camp de voile. Faute de surveillance, certains jeux dégénèrent en harcèlement. Et lorsqu'un enfant disparaît, la panique s'empare du camp. Accident ? Kidnapping ? Ou... un jeu qui aurait mal tourné ? Dépêché sur les lieux, l'inspecteur Thomas Andreasson et ses collègues explorent toutes les pistes.
Pendant ce temps, Nora Linde fait face au plus grand défi de sa carrière de juriste : un procès contre un PDG ayant escroqué plusieurs millions à son entreprise. Et dont le fils, Benjamin, n'est autre que l'enfant porté disparu... 

 

Saturne - Sara Chiche


Automne 1977 : Harry, trente-quatre ans, meurt dans des circonstances tragiques, laissant derrière lui sa fille de quinze mois. Avril 2019 : celle-ci rencontre une femme qui a connu Harry enfant, pendant la guerre d'Algérie. Se déploie alors le roman de ce père amoureux des étoiles, issu d'une grande lignée de médecins. Exilés d'Algérie au moment de l'indépendance, ils rebâtissent un empire médical en France.
Mais les prémices du désastre se nichent au coeur même de la gloire. Harry croise la route d'une femme à la beauté incendiaire. Leur passion fera voler en éclats les reliques d'un royaume où l'argent coule à flots. A l'autre bout de cette légende noire, la personne qui a écrit ce livre raconte avec férocité et drôlerie une enfance hantée par le deuil, et dévoile comment, à l'image de son père, elle faillit être engloutie à son tour.
Roman du crépuscule d'un monde, de l'épreuve de nos deuils et d'une maladie qui fut une damnation avant d'être une chance, Saturne est aussi une grande histoire d'amour : celle d'une enfant qui aurait dû mourir, mais qui est devenue écrivain parce que, une nuit, elle en avait fait la promesse au fantôme de son père.

 

La Vallée - Bernard Minier

Atmosphère théâtrale en haute montagne, l’hélicoptère survole un corps sans vie. Dans la vallée, un appel au secours précipite Martin Servaz dans les Pyrénées, vers un passé qu’il tentait d’oublier. Une forêt dense, un monastère reclus, des habitants pris au piège d’un glissement de terrain et des meurtres d’une rare cruauté : quelque chose est à l’œuvre qu’il n’a jamais vu !

Ceux qui suivent Bernard Minier retrouveront avec enthousiasme les personnalités fortes croisées dans ses premiers romans : des femmes et des hommes qu’on n’oublie pas, hantés par leur passé, et qui ont évolué. Les ressusciter était un défi, habilement relevé. Dans une atmosphère en suspens dans laquelle la religion s’insinue, s’invitent les peurs et les haines, exacerbées par un huis clos aussi dangereux qu’angoissant. Après M, le bord de l’abîme (Les Notes avril 2019), l’auteur excelle à tisser une intrigue policière sur le canevas de notre société. Ambiance sociale tendue, rébellion face à l’autorité, pouvoir des réseaux sociaux… le monde est devenu le théâtre de toutes les tensions, et la vallée est désormais un lieu confiné où elles se déchaînent, en accéléré. Un polar dense, à l’écriture visuelle largement consacrée aux personnages féminins ; une lecture immersive dans laquelle le romancier nous égare pour mieux nous surprendre. (Maje et S.L.)

 

Nickel Boys - Colson Whitehead

Dans les années soixante, Elwood Curtis, jeune Noir américain élevé par sa grand-mère, croit en cet avenir dont parle son héros Martin Luther King, qu’il écoute en boucle. C’est un jeune garçon droit, éduqué, qui s’apprête à intégrer l’Université lorsque, par malchance, il croise la mauvaise personne. L’erreur judiciaire n’est pas retenue et il est envoyé à la Nickel Academy qui n’a rien d’une école normale.

Colson Whitehead (Underground Railroad, Les Notes septembre 2017) vient d’obtenir un deuxième prix Pulitzer pour ce roman fort et habilement construit. Le lecteur est entraîné au cœur d’un univers où ne font loi que la corruption, la désillusion et les sévices corporels. La ségrégation raciale y règne, les tortures, et les humiliations y sont monnaie courante. Il n’y a que deux solutions, la fuite ou la mort. Hommage vibrant à ceux qui se battent pour l’égalité des chances et la liberté, ce texte donne à réfléchir. L’épilogue, cinquante ans plus tard, est un hymne à l’amitié et au courage, et complète le prologue qui a initié le lecteur. La question noire actuellement brûlante aux États-Unis trouve pleinement sa place dans cette fiction nourrie de faits réels. (C.M. et Maje)
Prix Pulitzer 2020

 

Les Aérostats - Amélie Nothomb

Ange, jeune étudiante belge en philologie, mène à Bruxelles une vie très solitaire face à une colocataire difficile. Un banquier lui demande de corriger son fils de sa dyslexie. Elle initie alors l’adolescent à la grande littérature : L’Iliade, L’Odyssée, Le Rouge et le Noir, Kafka. En même temps, elle mène une liaison charmante avec un ancien professeur. Le résultat de son enseignement va dépasser ses espérances.

Toujours prolifique (Soif, Les Notes septembre 2019), Amélie Nothomb traite cette fois de la jeunesse et de l’apprentissage qu’elle exige : par le vieux professeur revigoré grâce à des relations sexuelles dont il était privé depuis vingt ans, et par l’élève dont elle arme – littérairement – le bras pour s’extirper de l’adolescence avec un acte symbolique. Le roman, dans son ensemble, exprime avec force un amour fou de la littérature, quelquefois un peu longuement disséquée, mais qui reste la seule valeur essentielle dans une vie. Les personnages qui l’incarnent – parfois à contrario – sont croqués d’un trait vif, dans un texte concis et alerte, fertile en réflexions cocasses : une lecture plaisante. (A.-M.D. et A.Be.)

 

Chavirer - Lola Lafon

En 1984, Cléo, treize ans, fascinée par les émissions de variétés du petit écran, se rêve en future danseuse à paillettes. Dans sa banlieue parisienne, elle s’initie au modern jazz. Un soir, une jeune femme moderne et séduisante l’attend et l’encourage à postuler pour une bourse à la Fondation Galatée, assurance d’un avenir glorieux, scintillant, américain !… L’adolescente y entraîne d’autres camarades – dont Betty, douze ans. Et le piège se referme : le destin de Cléo et de ses amies va sombrer dans un ordinaire difficile et courageux.

Une écriture vivante, percutante, réaliste, traque les corps en souffrance et souligne les silences. En courts chapitres, l’auteure de Mercy, Mary, Patty (Les Notes, septembre 2017) s’appuie sur de nombreux retours en arrière pour relater la vie des collégiennes. Leurs photos ont été retrouvées en 2019 quand a éclaté le scandale Galatée dans le sillage du mouvement #Me Too. Ce roman pose la question du consentement d’une adolescente de treize ans et de la responsabilité de chacun. Il analyse l’ambiguïté et l’ambivalence d’une très jeune fille à la fois victime et complice d’un système cadenassé. Il recueille aussi les difficiles témoignages d’autres participantes, celles qui ont aussi chaviré. Remords et pardon habitent l’héroïne de ce récit dérangeant et militant. (A.C. et L.D.)

 

Dieu aime les rousses - Martine Marie Muller

Des années 1910 à 1960. Excentriques et altruistes, les Hocquelus vivent la douceur des jours dans leur propriété normande, au cour d'un merveilleux jardin. La réalité rattrape cette tribu d'originaux quand le crime puis la guerre s'immiscent dans leur quotidien, épreuves qu'ils vont traverser avec leur sens unique du sublime et de l'humour. Au domaine du Paradou, perché sur une falaise normande, les d'Hocquelus ont fait du bonheur un art de vivre.
Fous de jardins et d'une fantaisie inégalable, ils ont jugé artistique d'adopter trois fillettes d'une rousseur toute préraphaélite. Morag, Felicity, Bonnie. On parle anglais à table, on travaille dans les sept jardins, on reçoit des artistes. Mais, en août 1939, un peintre célèbre est assassiné au Paradou. Et l'inspecteur chargé de l'enquête n'est autre que l'ancien fiancé de Morag. Qui est le coupable ? Dora, l'épouse et artiste brimée ? Jiddu, l'Indien énigmatique ? Ou la " reine mère ", prête à se débarrasser de ce gêneur comme d'un arbre mort qui masquerait la vue sur la mer ? La déclaration de guerre et l'étrange disparition de Morag et Jiddu vont retarder la découverte de l'assassin.
Et celle des secrets de la famille... Un univers à la Agatha Christie, une plume teintée d'humour et d'excentricité.

 

La Danse macabre - Marie-Bernadette Dupuy
Série Lara Tome 3

 Lara est désespérée depuis l'enlèvement d'Olivier. Sa jeune soeur Fantou se ronge elle aussi d'angoisse pour Daniel, l'homme qu'elle aime et qui a également disparu. Ce sont des heures éprouvantes, qui exaspèrent les esprits et font naître de nouveaux soupçons. Quant au commissaire Nicolas Renan, il se débat au sein d'une enquête de plus en plus complexe, sur laquelle se greffent les sautes d'humeur de sa maîtresse, Loïza.
La plus grande incertitude règne sur le sort des disparus et chacun se demande quelle terrible vérité se dissimule derrière la machination visant à détruire Olivier. Un dernier volume au rythme haletant, riche en rebondissements, qui lève enfin le voile sur les mystères qui ont plané des années sur le Morbihan.

 

Yoga - Emmanuel Carrère

Il participe à une session de méditation intensive et de yoga. Depuis longtemps l’une et l’autre l’aident à sortir de sa fascination pour l’autodestruction. Il voudrait écrire sur ces thèmes un « essai souriant et subtil » mais il bascule dans la dépression. Hospitalisé quatre mois à Sainte-Anne, il connaît la défonce XXL, est diagnostiqué « bipolaire », rebondit, part pour un reportage en Syrie. Sur une île grecque, il s’occupe de jeunes migrants et quatre adolescents aux passés terrifiants entrent dans sa vie. Quelques femmes aussi. Il revoit son ami éditeur, Paul Otchakovsky-Laurens, dont les yeux brillaient et qui meurt en 2018…

De sommets en précipices, de l’attentat de Charlie hebdo où il perd un ami aux vacances familiales heureuses, Emmanuel Carrère (Il est avantageux d’avoir où aller, Les Notes mars 2016) écrit cette autobiographie de quelques années en conteur empathique. Le plus important dans la vie serait peut-être de savoir « ce que c’est que d’être un autre que soi » ; en tout cas, de devenir un meilleur humain, un meilleur écrivain. Il s’y applique. Avec des diversions, des retours en arrière, il démultiplie avec une belle aisance son récit, alterne le tragique, le méditatif avec l’autodérision ou l’humour. Un mélange très stimulant. (M.W. et C.G.)

 

Marionnettes d'amour - Elise Fischer

Milou et Jacinthe, cousines très proches, étaient jeunes filles quand elles ont participé, en 1961, au premier festival du théâtre de marionnettes de Charleville. Jacinthe y avait présenté son premier spectacle, et Milou lui servait d’assistante… Mais ce festival laissera un souvenir amer à Milou, alors que ce sera le début d’une carrière pour sa cousine. C’est après la mort de Jacinthe en 1992 que Milou revient sur son passé…

Ce nouveau roman, toujours situé en Lorraine, se déroule à la fin du XXe siècle. Élise Fischer (Le vin de Pâques, Les Notes septembre 2019) mêle la réalité de l’histoire du théâtre de marionnettes – elle fait apparaître les principaux protagonistes de cet art – avec la fiction romanesque d’un secret frileusement gardé et dévoilé seulement dans les dernières pages ; ce secret a pourtant conditionné le destin des deux cousines. Les personnages sont, comme toujours, bien ciblés et attachants. La partie historique est bien documentée mais peut paraître un peu longue pour ceux qui ne sont pas spécialement attirés par ce genre théâtral particulier. Enfin la trame romanesque n’est pas très originale et l’on devine assez rapidement la clé de l’énigme. 
 
 
Un Jour viendra couleur d'orange - Grégoire Delacourt
 
Tandis que le pays s'embrase de colères, Geoffroy, treize ans, vit dans un monde imaginaire qu'il ordonne par chiffres et par couleurs. Sa pureté d'enfant " différent " bouscule les siens : son père, Pierre, incapable de communiquer avec lui et rattrapé par sa propre violence ; sa mère, Louise, qui le protège tout en cherchant éperdument la douceur. Et la jeune Djamila, en butte à la convoitise des hommes, fascinée par sa candeur de petit prince.
Fureurs, rêves et désirs s'entrechoquent dans une France révoltée. Et s'il suffisait d'un innocent pour que renaisse l'espoir ? Alors, peut-être, comme l'écrit Aragon, " un jour viendra couleur d'orange... un jour d'épaule nue où les gens s'aimeront ". Dans un style lumineux, vibrant, une grande histoire d'humanité retrouvée. 
 
La Fièvre - Sebastien Spitzer

Memphis, juillet 1878 : un homme, blanc, meurt en pleine rue, victime d’un mal fulgurant. C’est le début d’une épidémie de fièvre jaune qui va très vite se répandre et décimer la population. Quatre personnages clés sont au cœur de la tragédie : une tenancière de maison close, le dirigeant du journal local, proche du Ku Klux Klan, un ancien esclave noir et une petite métisse qui recherche désespérément son père.

Inspiré d’une histoire dramatique et réelle, ce roman, passionnant et bien construit, se dévore ! Il y est question non seulement d’épidémie mais aussi de racisme : deux sujets d’une brûlante actualité. La brutalité des faits, la montée des périls, l’exode désespéré de la population dans une effroyable panique, les contradictions entre les nantis et les laissés-pour-compte, sont évoqués avec un grand réalisme dans un style très efficace. Passant d’un personnage à l’autre par petites touches, décrivant avec beaucoup de finesse et de justesse leur évolution, Sébastien Spitzer (Le coeur battant du monde, Les Notes septembre 2019) interroge les consciences, fait bouger les lignes, démontre que la nature humaine réserve parfois des surprises, que les « justes » ne sont pas toujours ceux sur lesquels on aurait parié et qu’une situation exceptionnelle peut faire naître des revirements inattendus dans un bon sens comme dans un mauvais. (J.M. et M.-N.P.)

 

La Nuit d'avant - Wendy Walker

Laura revient chez sa sœur, mariée à un copain d’enfance et mère d’un petit garçon, dans la ville du Connecticut où elle a grandi. Mal aimée de son père, traumatisée par un accident qui a coûté la vie, onze ans auparavant, à un de ses amis et par un dernier échec amoureux, elle cherche sur internet un homme qui pourrait la guérir. Cette rencontre vire au cauchemar. Elle disparaît. Y a-t-il un rapport avec son passé tragique ?

Après Emma dans la nuit (Les Notes février 2018), Wendy Walker signe un nouveau thriller. L’action se déroule en quarante-huit heures. Les chapitres alternent les émotions des deux sœurs, celle qui s’embarque dans une aventure compliquée et celle qui, avec les amis de la « bande » d’autrefois, la recherche. Dans ces récits, s’intercalent les séances de psy de l’héroïne quelques mois plus tôt à New York et le rappel incessant de faits nébuleux et dramatiques du passé. Des secrets insoupçonnés dévoilent progressivement les relations entre quatre amis de jeunesse et précipitent des événements si surprenants que les ficelles du scénario apparaissent légèrement artificielles, sans toutefois altérer le suspense. La psychologie des personnages principaux est suffisamment dessinée pour qu’on y croie. Un roman captivant. (L.G. et M.Bo.)

 

Adelphe - Isabelle Flaten

Dans un village, à fin de la première guerre mondiale, Adelphe, le pasteur, vit entouré de sa communauté et… de sa gouvernante. Pasteur par tradition familiale plus que par conviction, il se décrit comme « un homme entre deux eaux au tempérament flottant ». Jusqu’au jour où une paroissienne lui offre un exemplaire du Goncourt de l’année, Nêne, que le cercle de la paroisse lit avec curiosité, perplexité, gourmandise ou … méfiance.

La littérature comme révélateur de l’existence de chacun, semant le désordre ou un nouvel ordre, quelle bonne idée ! Isabelle Flaten s’appuie ici sur Nêne, le prix Goncourt 1920 d’Ernest Perochon, pour une étude tendre et amusée de la métamorphose de la société française. La guerre a fait bouger les lignes patriarcales et reconsidérer la place de la femme dans la société. Les trois parties du roman font vivre les questionnements des personnages, hommes et femmes, laïcs et hommes d’Église, confrontés à des changements dans les moeurs qui les troublent. Comment ne pas voir le parallèle avec notre temps et ses frilosités ! Autour d’une intrigue à rebondissements, la narration élégante et fluide prend son temps, peut-être trop dans la partie centrale, pour retrouver au dénouement une dernière accélération et un ultime défi aux convenances. (E.M. et C.B.)

 

Regarde - Hervé Commère

Femme d’affaires hautaine, Mylène rencontre Paco et, par amour, participe au braquage d’une bijouterie. De son séjour en prison elle garde le souvenir amer de l’assassinat de celui qu’elle aimait par son codétenu. Depuis sa sortie, elle mène une vie stable, effacée, louant pour des week-ends des logements anonymes. L’un d’eux renferme des traces de vie de Paco. Serait-il toujours vivant ?

Hervé Commère exploite, dans ce roman où l’on retrouve les personnages de Sauf (Les Notes juillet 2018), l’idée simple de la manipulation, dans un scénario habile. En chapitres courts, il sème le doute, croise les espoirs avec les souvenirs et entre en résonance avec le passé. La vie d’avant la prison, les amitiés nouvelles, le besoin de confinement après les longues années de cellule et la quête obstinée d’un homme supposé mort, portent à eux seuls un récit ingénieux, mené avec finesse. Gages d’efficacité, une lecture fluide qui ne lasse jamais ; un suspense de qualité, original et novateur, doublé de la fine analyse psychologique d’une femme qui a choisi sa vie et l’assume avec courage, en proie à une machination dont elle ne sait rien. Une audacieuse histoire d’amour et d’amitié. (Maje)

 

 


 


 


 


 

 
 


 


 

 

 

 


 

 

Aucun commentaire: