Ouverture unique le samedi de 9h30 à 11h30

Bandes dessinées

Le Corbeau
Les Schtroumpfs et le Village des filles - Tome 3

Lorsque Gargamel parvient à donner la parole à un corbeau dans l'espoir qu'il lui révèle l'emplacement du village des Schtroumpfs, on peut craindre le pire pour nos petits amis bleus. Mais quand le corbeau, doté de la parole, se trompe et se retrouve par hasard au village des filles, les évènements peuvent prendre une tournure inattendue et non moins inquiétante. 

 

 

 

Bill à facettes
Série Boule et Bill - Tome 40 

 

Boule est un petit garçon joyeux, espiègle, pas très travailleur mais extrêmement malin. Et Bill, c'est son chien... Mais pas n'importe quel chien ! Un coquin de cocker adorable, hilarant, menteur, parfois réfractaire au bain mais avec un coeur gros comme ça ! Autant de facettes de Bill, drôles, touchantes, et souvent à l'origines d'aventures rocambolesques entre les deux amis, mises à l'honneur dans ce 40e album de la série !

 

 

La Vérité sur tout
Le Petit Spirou - Tome 18

17 titres déjà où le Petit Spirou s'entend dire "Fais-ci, ou fais pas ça ! " ! Désormais le héros en short prend la parole et révèle ENFIN... SA "Vérité sur TOUT ! " Révélations inattendues sur des "vérités" dissimulées ou malheureusement ignorées... Les conclusions du Petit Spirou servent de vraies-fausses "moralités" sur des réalités ou mythes auxquels on tord allègrement le cou. 


 


 

Décembre 2019

Naufrage - Gilbert Bordes

Capitainerie de La Rochelle, juillet 2018. Une cellule de crise accueille les parents des dix bacheliers qui ont embarqué sur le voilier-école Le Corsaire douze jours plus tôt en direction de la Guyane et dont on a totalement perdu la trace. Pour quelle raison la balise a-t-elle cessé d'émettre ? Et comment a-t-on pu laisser ces marins débutants se lancer dans une telle traversée à haut risque ? A des milliers de kilomètres, au milieu de l'Atlantique Sud, huit adolescents découvrent, hagards, l'état catastrophique de leur embarcation après la terrible tempête qu'ils ont subie.
Celle-ci a emporté un de leurs camarades et les deux moniteurs qui les accompagnaient. Alix, Chloé, Constance, Julie, Mathis, Thibault, Valentin et Victor sont les survivants. Mais pour combien de temps ? Sur leur navire à la dérive, avec les étoiles pour seuls repères, les huit apprentis navigateurs comprennent que, pour s'en sortir, ils doivent s'organiser et, surtout, rester soudés. Mais, devant l'immensité de l'océan, le passé de chacun resurgit peu à peu, mettant en péril la cohésion du groupe.
Des rivalités se dessinent et les personnalités se dévoilent...

 Une Cosmologie de monstres - Shain Hamill

"Dans Une Cosmologie de monstres, Shaun Hamill allie brillamment les univers angoissants de H. P. Lovecraft avec l'histoire contemporaine d'une famille menacée de destruction par des forces surnaturelles. Il réussit son coup, parce que ces braves gens pourraient être nos voisins. L'horreur ne fonctionne que lorsque nous nous attachons aux personnes concernées ; nous nous attachons aux Turner, et leurs cauchemars deviennent les nôtres.
La prose de Hamill est sobre, tout simplement belle. Voilà à quoi ressemblerait un roman d'horreur signé John Irving. J'ai adoré ce livre, et je pense qu'il vous plaira aussi". Stephen King La Famille Turner, de Vandergriff (Texas), se tient sur le seuil d'un monde terrifiant dominé par une cosmologie de monstres. Est-ce le leur ou est-ce le nôtre ? Shaun Hamill est américain. Une Cosmologie de monstres, appelé à devenir une ambitieuse série télévisée, est son premier roman.

Seules les proies s'enfuient - Nelly Tucker

 Washington D. C. suffoque sous le soleil d'août et la capitale fédérale semble désertée par ses habitants. Sullivan Carter se rend au Capitole pour couvrir les débats législatifs. Alors qu'il traverse la crypte, une fusillade éclate. L'ancien reporter de guerre retrouve ses vieux instincts et se rapproche au plus près du danger. Dans un bureau, il découvre le corps d'un représentant de l'Oklahoma, des pics à glace enfoncés dans les orbites.
Quand l'équipe d'intervention de la police arrive sur les lieux, le tireur a déjà disparu. Mais lorsque paraît l'article de Sullivan, le meurtrier - Terry Running Waters, Amérindien au casier judiciaire bien rempli - prend contact avec lui... Sullivan décide alors de suivre sa propre piste, en marge de l'enquête officielle, qu'il estime bâclée.

La Mort de Mrs. Westaway - Ruth Ware

Lorsque Harriet Westaway reçoit un courrier lui annonçant un héritage conséquent provenant de sa grand-mère, cela semble être la réponse inespérée à tous ses problèmes. En effet, Harriet doit de l'argent, beaucoup d'argent, emprunté à un usurier sans scrupules, et cela risque fort de mettre sa vie en danger. Seul souci : ses grands-parents sont décédés vingt ans auparavant, et elle ne les à même jamais connus.
La lettre a donc été adressée à la mauvaise personne. Mais Harriet qui gagne sa vie en tirant les cartes pour prédire l'avenir n'est plus à une affabulation-prés.. Et ce coup du sort pourrait enfin tout résoudre sauf si le hasard en décide autrement...

La Fontaine aux Violettes - Françoise Bourdon

De Tourrettes-sur-Loup, sur les hauteurs de Nice, aux beaux quartiers de la capitale, quatre générations de femmes libres, vibrantes, indépendantes vont se succéder entre 1879 et 1945. Il y a d'abord Rosine, fille de modestes paysans, qui quitte, enceinte, son pays de la violette pour devenir une courtisane en vue à Paris. Sa fille, Eloise, mène une vie plus rangée près de Lyon auprès de son mari instituteur.
Suivront Emma aux amours ardentes, créatrice de mode qui traverse intensément les Années folles, et sa fille Béatrice, "nez" de talent dans la ville de Grasse. C'est la culture de la violette, fleur à parfum par excellence, qui scellera le destin de ces quatre héroïnes de coeur et de passion.

Le Premier convoi : 1848 - Michèle Perret

Le 22 février 1848, Paris se soulève contre le roi Louis Philippe. La Deuxième République est proclamée ; Alphonse de Lamartine impose le drapeau tricolore. Des Ateliers Nationaux destinés à procurer du travail aux chômeurs parisiens sont créés puis fermés rapidement par l'assemblée conservatrice. Fin juin une nouvelle insurrection est réprimée dans le sang. Pour se débarrasser des fauteurs de troubles on leur propose de créer des colonies agricoles en Algérie.
Un décret du 20 septembre 1848 stipule que les colons doivent partir le plus vite possible. L'auteure nous invite à embarquer avec eux dans ce passionnant roman qui raconte l'histoire de ce premier des dix-sept convois, en octobre 1848. "C'étaient des hommes et femmes simples et rudes, prolétaires aux mains calleuses, artisans, boutiquiers... Ils s'étaient faits beaux pour le jour ensoleillé où l'on se débarrassait d'eux, ils fuyaient vers les fortunes les plus diverses, charogne pour les Arabes, comme on le leur crierait parfois sur la route, quand on voudrait les humilier.
Transportés. Déportés. Avec tous les honneurs de la République".

Au rendez-vous des âmes libres - Denis Faïck

Au crépuscule de sa vie, Eugène croise le chemin d'une jeune infirmière à qui il livre ses souvenirs de la Résistance. Ces réminiscences, parfois teintées de tristesse, parfois éclatantes d'espoir, convoquent également ses amis : ils s'appellent Eva, Romain, Raoul, Armand, Marinette... Ils ont vingt ans, autant dire la vie devant eux. La vie de ces héros ordinaires, qui ont choisi d'intégrer un réseau de combattants, s'égrène en réunions secrètes, en exécutions et en tortures.
Avec la peur d'être arrêtés, la crainte d'être dénoncés, de trahir ou d'être trahis. Toute l'absurdité et la cruauté de la guerre sont dépeintes ici, même si Eugène en garde une impression d'existence intense, car cette bande d'idéalistes était soudée à la vie à la mort. Et Eugène n'a jamais oublié Eva. Il s'était juré de lui dire qu'il l'aimait.

En secret - Mary Higgins Clark

Il suffit d'un mystérieux email adressé à la journaliste d'investigation Gina Kane pour l'alerter sur les méthodes de REL, une célèbre chaîne d'info. L'auteure du message dénonce le harcèlement sexuel dont elle a été victime et prétend ne pas être la seule. Mais après ce message, plus rien... Et pour cause : celle qui signait C. Ryan est morte dans un accident de jet-ski. Lorsqu'une autre femme, victime du présentateur vedette de REL, se suicide, Gina, soupçonnant un meurtre, comprend qu'elle a mis le doigt dans un engrenage.
Et que la chaîne est prête à tout pour protéger la réputation d'un prédateur. Seule face à véritable une machine de guerre, Gina Kane n'a qu'une arme : la vérité.

 

Ame brisée - Akira Mizubayashi

Tokyo, 1938. En plein conflit sino-japonais, un quatuor, composé du Japonais Yu et de trois étudiants chinois, répète « Rosamunde » de Schubert, mais les voilà brutalement interrompus par l’irruption de militaires qui les arrêtent sous prétexte de trahison. Ils embarquent Yu après avoir piétiné son violon sous les yeux de Rei, son fils de onze ans, caché, in extremis, dans une armoire. Après le départ de la soldatesque, un lieutenant mélomane découvre dans sa cachette l’enfant terrorisé et lui remet le violon en miettes, tout en lui sauvant la vie par son silence. Orphelin de mère, il est adopté par un ami français de son père disparu « plus que mélomane ». Rei, dorénavant appelé Jacques Maillard, choisit, après des études de lettres à la Sorbonne, la profession de luthier et devient un maître reconnu au fil de sa carrière. Fabriquant ses propres violons avec un soin extrême, il s’ingénie aussi à faire renaître le violon brisé de son père : une lente restauration synonyme de résilience. Et c’est ainsi qu’au soir de sa vie, il voit resurgir le passé de façon inattendue dans son pays natal.

Cette histoire à l’ancienne fait fi des provocations dont se targue souvent la littérature actuelle. Sa noblesse mélancolique et sans apprêt, tant du point de vue style que des sentiments, est exhaussée par la part belle donnée à la musique. Ainsi cette « âme » du titre n’est autre que la pièce maîtresse du violon censée transmettre les vibrations des cordes ; une splendide métaphore qui sous-tend le roman pour évoquer, avec un grand sens des nuances, les meurtrissures et perceptions de l’enfant exilé devenu adulte : le pouvoir de la musique, le déracinement, le deuil, les souvenirs d’enfance… Les mots choisis avec soin célèbrent cette union salvatrice que les mélomanes peuvent opposer aux antagonismes nationaux et à la violence grâce à l’intense émotion suscitée par un morceau de Schubert, de Bach, de Berg. Un livre ô combien sincère, vivifiant et original… Un vrai bonheur ! (J.M. et M.-N.P.)
Prix Culture et Bibliothèques Pour Tous 2020

 

Les Jungles rouges - Jean-Noël Orengo

Phnom Penh, 1924. Les époux Malraux, condamnés pour avoir dérobé des statuettes khmères, se forgent une conscience anticoloniale et entraînent leur boy Xa dans cette aventure. Dans les années cinquante, Prasith, le fils de Xa, fréquente l’association des étudiants khmers à Paris et s’initie au marxisme. Il y rencontre le futur Pol Pot et partage ses combats. Mais avant de le suivre dans Les Jungles rouges, il confie sa fille Phalla à un couple de Français.   

Dans ce roman construit comme un puzzle, Jean-Noël Orengo (L’opium du ciel, HdN mars 2017) met en perspective l’histoire du Cambodge à travers une double filiation, celle de Xa, Prasith et Phalla, mais aussi celle qui unit la France et l’Indochine. Son écriture flamboyante sait restituer les ambiances, à Phnom Penh dans les années vingt, où l’indolence et le luxe des expatriés côtoient l’exploitation des autochtones, ou à Paris dans les années cinquante, creuset intellectuel où se prépare la décolonisation. La précision des références historiques permet aux personnages du roman de tutoyer ceux de la grande histoire, Malraux, Vergès, Pol Pot, ou encore Marguerite Duras. Un magnifique récit au souffle romanesque qui explore avec subtilité la mémoire douloureuse du Cambodge, entre colonisation et génocide.  (A.-M.G. et C.-M.T.)

 
 

 




Novembre 2019

 

Les Choses humaines - Karine Tuil

Claire, essayiste connue, et son mari Jean, journaliste célèbre, forment un couple très en vue dont la connivence intellectuelle masque la misère sexuelle. Leur fils, étudiant brillant et sportif aguerri, fait leur fierté. Son départ pour une prestigieuse université américaine se voit compromis par une plainte pour viol, déposée par la fille du nouveau compagnon de sa mère. Le sexe, animal et irrépressible, qui compromet l’image sociale et saccage des vies ; la soif de reconnaissance et le cynisme des hommes de pouvoir ; l’obsession de l’image, l’exposition visuelle et sa contrepartie, le lynchage médiatique, irriguent tout ce roman. Le cheminement d’un homme ayant fait de sa longévité télévisuelle l’objectif de toute une vie et le parcours de la plainte pour viol jusqu’à la violence du procès permettent à Karine Tuil (L’insouciance, NB décembre 2016), toujours en prise avec l’actualité, de dresser un tableau lucide de la société actuelle et des incertitudes de la vie. Le propos est structuré, précis et les interprétations se font face. Outre son talent narratif, la force du récit réside dans sa capacité à évoquer les distorsions entre discours engagés et réalité de la vie. (Maje et V.A.) 


Tout ce qui est sur terre doit périr - Michel Bussi

Un thriller ambitieux au rythme effréné. Une intrigue historique diaboliquement séduisante qui embarque le lecteur dans une course folle, de Bordeaux à Erevan en passant par le Vatican et Hong Kong, à la poursuite d'un secret qui n'est rien de moins que celui de l'humanité tout entière. Tout ce qui est sur Terre doit périr a précédemment paru sous le titre La Dernière Licorne, sous le pseudonyme de Tobby Rolland.
Une masse sombre, inexpliquée, prise dans les glaces millénaires du mont Ararat. Un livre interdit, gardé sous clé dans l'enfer du Vatican. Un animal de bois, énigmatique, portant au front une corne unique. Les indices sont là, éparpillés. Un gigantesque puzzle à reconstituer pour remonter à l'origine de toutes les religions du monde. De Bordeaux à Hong Kong, en passant par l'Arménie, Zak Ikabi n'a qu'une obsession : en réunir toutes les pièces.
Et trouver ainsi l'arche de Noé. Embarquée malgré elle dans sa quête, la glaciologue Cécile Serval, aussi érudite que volcanique, se voit bientôt confrontée à un véritable déluge de questions. Et de balles de kalachnikovs... Car pour garder ce secret, certains sont prêts à tous les sacrifices....

 

Rose Royal - Nicolas Mathieu

Rose a la cinquantaine, une vie derrière elle, avec ses joies, ses déveines, des gosses, un divorce. Et des mecs qui presque tous lui ont fait mal. Le soir, en sortant du boulot, elle se rend au Royal, un bar où elle a ses habitudes. Là, elle boit. De temps en temps, elle y retrouve sa grande copine Marie-Jeanne. Puis, elle rentre chez elle et le lendemain tout recommence. Mais une nuit, Luc débarque au Royal et Rose se laisse prendre une dernière fois à cette farce du grand amour.
Sauf qu'elle s'est juré que plus jamais un mec ne lui ferait du mal. 

 

 

Tous les hommes n'habitent pas le monde de la même façon - Jean-Paul Dubois

Pourquoi le gentil Paul Hansen est-il incarcéré à Montréal ? Serviable, il travaillait comme gardien et factotum dans une résidence où il réparait les choses… et les êtres. Il raconte son quotidien dans la cellule qu’il partage avec Patrick, une brute épaisse et amicale, fana de moto, sans pudeur, sans peur – sauf des souris –, et évoque ses chers disparus. Son père, un pasteur danois qui a perdu la foi, mort criblé de dettes. Sa mère, indépendante et indifférente, à la tête d’un cinéma à Toulouse. Son épouse, une Irlando-Algonquine a disparu aux commandes de son avion…  Jean-Paul Dubois connaît bien le Canada. Comme dans ses précédents romans (La succession, NB octobre 2016), le narrateur s’appelle Paul, est toulousain, aime son chien… Il s’exprime sur un ton désabusé avec un goût prononcé pour les détails techniques et la vie des autres. La construction faisant alterner, sans originalité, passé et présent donne à la lecture de la fluidité. Grâce à l’humour distancié et à l’écriture, belle, imagée, sereine, le récit, parsemé de personnages savoureux, ne sombre jamais dans la tragédie malgré le poids des héritages familiaux et le désenchantement de toute vie. Entre sourires et mélancolie, un roman riche, tendrement désespéré et consolateur, plein d’humanité. (D.D. et M.Bo.)

 

Le Quaker - Liam McIlvanney

Glasgow en 1965. Trois jeunes femmes sont assassinées dans des conditions identiques. Un portrait du tueur présumé, Le Quaker, est affiché partout mais les policiers se perdent dans les détails. L’inspecteur McCormack est envoyé pour expertiser l’enquête et cerner ses insuffisances tandis qu’un quatrième meurtre est commis et qu’un perceur de coffres-forts effectue un cambriolage. Les trois affaires se rejoignent.  Dans un contexte d’affaires de meurtres, Liam McIlvanney construit une intrigue policière complexe mais solide. Universitaire très attaché à ses racines écossaises, natif de Glasgow dont il connaît tous les aspects, il met en scène un quartier lugubre et en pleine démolition de cette ville qu’il a souvent dépeinte : des appartements abandonnés, une police locale inefficace et dirigée de façon peu orthodoxe. En chapitres bien rythmés (victimes, enquêteurs et malfrats prennent tour à tour la parole), l’auteur s’interroge sur les liens de tous avec la mafia locale, connue et puissante. Ce roman noir, porté par une écriture efficace, nécessite une attention constante, mais les caractères bien étudiés, les retournements de situation continuels et l’écriture soignée en font la valeur. (M.F. et F.L.)


Même les arbres s'en souviennent - Christian Signol

Lassé de la vie urbaine, Lucas, trente ans, rend régulièrement visite à Emilien, son arrière-grand-père, qui s'est retiré dans un petit appartement proche du hameau où il a grandi. Lucas est très attaché à la maison de famille qui le rappelle à ses origines car il sait que c'est là que s'est joué le destin des siens. Un jour, il décide de restaurer les vieux murs qui résonnent encore de l'histoire familiale et, pour mieux s'en imprégner, demande à son arrière-grand-père d'écrire le récit de sa vie.
Emilien raconte alors comment il est né dans ce hameau du Limousin en 1915, et comment, malgré un travail acharné, il a assisté à la désertification des campagnes qui tentaient de basculer dans la modernité. C'est pourtant là, dans ces venelles qu'il faut aujourd'hui défricher, que Lucas et son arrière-grand-père aiment à rêver que tout n'est pas perdu. Dans ce roman sensible et plein d'espoir, Christian Signol évoque la transmission entre des générations que tout semble séparer mais qui ont en commun l'essentiel : le vrai sens de la mémoire et de la vie.

 

Cora dans la spirale - Vincent Message

Après son congé maternité, Cora Salme reprend son travail dans une société d’assurances. Gérée par un président à la fibre sociale, l’entreprise, rattrapée par la crise de 2010, vient d’être rachetée. Les nouvelles méthodes de management deviennent plus agressives, le travail, chronophage, empiète sur la vie familiale. Fatigue et stress s’accumulent, mais l’endurance a ses limites et l’épuisement, ses conséquences…  De son élégante écriture et toujours avec la même finesse d’analyse, Vincent Message (Défaite des maîtres et possesseurs, NB mars 2016) ne cesse de scruter les comportements humains. Il trace ici un chemin de désirs et de larmes et d’une lente descente aux enfers jusqu’à un drame que l’on pressent. L’histoire est contée, bien des années plus tard, par un chroniqueur, à partir des carnets tenus par la jeune femme au gré de ses marées intérieures et des témoignages des principaux acteurs dont il fouille les histoires. Le récit s’ancre dans le quotidien, ne néglige ni les détails ni les personnages. Entre les lignes se glissent le mythe d’Orphée, le pays Dogon… Dénonçant l’inhumanité d’une hiérarchie esclave du rendement, l’auteur nous immerge dans la spirale de ce naufrage intime et nous guide, dans un roman d’une grande justesse, jusqu’à un épilogue inoubliable. (Maje et M.-N.P.)

 

Les Refuges - Jérôme Loubry

1986. Pour vider la maison d’une grand-mère récemment décédée, qu’elle ne connaissait pas, Sandrine débarque sur l’île minuscule où celle-ci vivait. Un camp de vacances y avait été créé en 1949 dans des blockhaus allemands rénovés. Les quelques vieux qui y habitent semblent partager un secret terrifiant qui leur interdit de partir. Quelques jours plus tard Sandrine est retrouvée sur la côte normande, hébétée et couverte d’un sang qui n’est pas le sien. Que s’est-il passé ?  Les récits de la grand-mère et de sa petite-fille s’entrecroisent. Qu’est-il arrivé aux dix enfants accueillis sur l’île après la guerre ? Qui est ce « Roi des Aulnes » qui rôde dans la forêt, les menace et semble encore là quarante ans plus tard ? Quand, enfin, intervient l’inspecteur Damien, l’enquête semble se déliter, alors que la suppression du commissariat auquel il est affecté est engagée. Dans un langage fleuri, Jérôme Loubry déroule une histoire de plus en plus étrange et cruelle qui provoque un malaise grandissant. Malgré l’avertissement initial et les quatre « Balises » qui marquent Les refuges le lecteur est totalement égaré jusqu’à la fin. Un thriller fracassant ! (C.P. et C.R.-G.)

 


Un Soleil en exil - Jean-François Samlong

La Réunion, années soixante. Heva, seize ans, et ses deux frères vivent misérablement avec une mère à bout de forces et un père en prison. Croyant bien faire, la mère se laisse extorquer par l’État français l’autorisation d’exiler ses enfants vers les départements ruraux de la métropole. Exil d’autant plus cruel que la fratrie est séparée à son arrivée dans la Creuse.  Jean-François Samlong (Hallali pour un chasseur, HdN novembre 2015), originaire de la Réunion, est un ardent défenseur de l’histoire de son île. Entremêlant fiction et faits historiques, il écrit un roman à charge contre le programme mené par Michel Debré entre les années 1962 et 1984, consistant à déporter des enfants réunionnais dans le but d’empêcher la désertification de certaines zones rurales de la métropole… À travers la vie romancée d’une fratrie, il dénonce la brutalité et la cruauté du système : dispersion des familles, exil forcé, mauvais traitements de la part des paysans. Parallèlement, il raconte la genèse de cette aberrante entreprise et la reconnaissance en 2014 de la responsabilité de l’État français. L’héroïne est attachante, l’histoire poignante. Elle a surtout le mérite de mettre en lumière un épisode méconnu et peu reluisant de notre histoire.  (S.D. et M.-N.P.)

 

Les Grands cerfs - Claudie Hunzinger

Pamina et Nils se sont retranchés dans la montagne vosgienne, aux « Hautes Huttes », ferme nichée entre friches et forêts. Lorsqu’un jeune photographe animalier demande l’autorisation d’installer une cabane d’affût sur leurs terres et invite la propriétaire des lieux à partager l’observation d’une harde de cerfs, cette dernière saisit l’occasion de se rapprocher des visiteurs nocturnes qui passent près de la maison.  S’infiltrer pour contempler la vie intime et mystérieuse des grands mâles qu’elle voit disparaître l’un après l’autre entraîne la narratrice, double de Claudie Hunzinger (L’incandescente, NB octobre 2016), vers une quête obsessionnelle et dangereuse qui la fait passer du « côté des bêtes sauvages ». Dans des pages parfois glaçantes, la joie de l’émerveillement côtoie le chagrin de la perte. Cette femme passionnée est touchée en plein coeur par tout ce gâchis ; elle est écoeurée par l’absurdité des quotas, les affrontements d’intérêts contradictoires, les complicités, les compromis. Son témoignage déborde largement le périmètre local pour dénoncer la situation vertigineuse dans laquelle le monde « ensauvagé », emporté dans un processus d’appauvrissement des espèces, est menacé de disparition. De nombreuses références culturelles enrichissent ce requiem poétique à la beauté tragique et d’une grande puissance narrative.  (R.C.G., T.R. et S.L.)

 

Un Mariage  américain - Tayari Jones

Un soir, Roy et Celestial sont dans une chambre d’hôtel, lors d’un déplacement, quand la police fait irruption et emmène le mari accusé d’un viol. Mais dans un État comme la Louisiane, que vaut le témoignage d’un Noir face à l’accusation d’une Blanche ? Condamné à douze ans de prison, il en sort au bout de cinq ans et part retrouver sa femme, espérant recommencer leur vie ensemble. Mais peut-il l’y obliger ?   C’est le premier livre traduit en français de l’afro-américaine Tayari Jones. Elle décrit la vie d’un couple américain moyen, apparemment sans problème particulier. L’action se passe dans un État où le racisme est particulièrement présent. L’auteure fait de nombreuses références à la culture et la musique « noires », montrant leur importance pour cette communauté. De sa prison, le mari, même si sa femme n’entame pas de procédure de divorce, comprend que son couple se délite (plus de visites ni de lettres). Le récit est très bien mené, d’abord par la correspondance des époux, puis par l’alternance des chapitres où l’un ou l’autre des personnages s’exprime et fait comprendre l’évolution de la situation. Un roman réaliste et captivant dans une Amérique contemporaine.  (B.D. et B.T.)

 

Jours d'hiver - Bernard MacLaverty

Stella et Gerry Gilmore, couple de retraités, quittent leur maison d’Écosse pour passer quelques jours de vacances à Amsterdam afin de rafraîchir leurs sentiments, visiter des musées et emmagasiner des souvenirs. Leur relation semble tranquille, facile, naturelle, mais au cours de ces quatre jours, on découvre les failles, les incertitudes et les agaceries qui les habitent : le penchant pour l’alcool de Gerry, la focalisation de Stella sur la religion et une foule de petits détails journaliers. Leur mariage va-t-il résister à ces réflexions ?  Bernard MacLaverty est irlandais. Son texte sur l’amour, l’usure du temps, des corps et des sentiments sonne juste. C’est l’analyse d’un long mariage entre deux êtres qui ont mené des vies parallèles après avoir été fusionnels. L’approche de l’auteur est calme, discrète, sans drame ni éclats de voix. De nombreux flash-backs font entrevoir les chocs de la vie antérieure des deux personnages, sans atténuer l’intérêt pour leur vie actuelle, mais en leur donnant une crédibilité et une humanité certaines. L’auteur montre également son talent descriptif lors de la visite de la maison d’Anne Franck ou de la découverte du tableau de  La Fiancée juive de Rembrandt. Une belle histoire agréable à lire. (M.-F.C. et Maje)

 

La Panthère des neiges - SylvainTesson

Le narrateur accompagne au Tibet Vincent Munier, célèbre photographe animalier. Ils vont à la rencontre de La panthère des neiges, mais aussi de troupeaux de yacks, d’oiseaux de proie, de chèvres bleues, de loups, antilopes, gazelles et autres splendides animaux sauvages. Sur les hauts plateaux, à plus de 4500 mètres d’altitude, par -30°, la nature est grandiose, les bêtes ne se laissent pas facilement approcher. Il faut voir l’invisible… Leur petite équipe s’arrête quelques jours chez une famille de nomades, pratiquant l’art de l’affût, passant des journées entières à attendre l’improbable…  Fidèle à lui-même, Sylvain Tesson (Un été avec Homère, NB septembre 2018) arpente la terre et cherche à la comprendre. Amoureux de la nature et de la faune, il s’enthousiasme, admire, savoure la beauté et l’instant. À contre-courant de la modernité et de l’homme augmenté, il profite des longues journées de veille pour apprendre la patience, « une vertu suprême » et cherche à « se contenter du monde, lutter pour qu’il demeure ». Il ne faut pas espérer, mais simplement « vénérer le monde ». C’est un joli livre d’aventure et de méditation, aux phrases ciselées, poétiques ; un retour aux sources. (V.A. et S.D.)

 

Ceux qu'on aime - Victoria Hislop

Le grand retour de Victoria Hislop ! Le destin poignant de Themis, femme courageuse et engagée au cour d'une Grèce tourmentée. Athènes, 1941. Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, la Grèce, après avoir été libérée de l'occupation allemande est ruinée et le pays devient le théâtre d'une guerre civile. Révoltée par les injustices qui touchent ses proches, la jeune Themis décide de s'engager dans l'armée communiste et se révèle prête à tout, même à donner sa vie, pour défendre ses droits et sa liberté.
Quand elle est emprisonnée sur l'île de Makronisos, Themis doit prendre une décision qui la hantera à jamais pour protéger ceux qu'elle aime. Au crépuscule de sa vie, Themis prend conscience qu'il faut parfois rouvrir certaines blessures pour en guérir d'autres, et lève enfin le voile sur son passé tourmenté. 

 

Ne t'enfuis plus - Harlan Coben

Après avoir écouté sa fille Paige jouer de la guitare tout en faisant la manche dans Central Park, Simon, un brillant analyste financier new-yorkais frappe d’un coup de poing vengeur Aaron Corval, le toxico minable et dangereux qui l’a entraînée dans la drogue et l’empêche de lui parler. Il est arrêté et la vidéo de cette altercation devient virale. Trois mois plus tard, Aaron est retrouvé la gorge tranchée. La police s’intéresse de nouveau à Simon qui n’a qu’une obsession : retrouver sa fille.   Les nouvelles technologies jouent un rôle notable dans ce roman, aussi bien les réseaux sociaux et leurs vidéos que les analyses génétiques proposées par de nombreux laboratoires et qui provoquent toutes sortes de dérives. Harlan Coben (Par accident, NB décembre 2018) tisse, avec sa virtuosité habituelle, une histoire improbable dans laquelle certains personnages, dont il détaille le passé douloureux, riches ou pauvres, naïfs, innocents ou criminels, sont attachants. Une secte menace, les avocats sont redoutablement efficaces et les policiers clairvoyants. L’auteur éclaire de façon vivante le nouveau monde numérique de l’Amérique d’aujourd’hui. Un bon cru. (C.P. et A.-M.D.)

 


 


 


 


 


 


 


Octobre 2019

 

La Fuite en héritage - Paula McGrath

Irlande, 2012. Elle est aujourd’hui gynécologue à Dublin où sa mère est atteinte de la maladie d’Alzheimer. Elle, c’est Jasmine, née Rosemary, trente ans plus tôt adolescente rebelle et fugueuse, sauvée de sa marginalité par la pratique de la boxe, discipline qui la ramènera, dans la douleur, sur la voie des études. Tennessee 2012 : Alison, orpheline mineure, ne peut supporter sa nouvelle vie chez ses grands-parents paternels. Sa fuite avec une bande de bikers peu recommandables tourne mal. Quel passé enfoui lie ces deux destins?  La violence faite aux femmes, aussi bien morale que physique, est au centre de ce roman de Paula McGrath (Génération, NB mars 2017), qui tisse un récit polyphonique sur trois générations, de femmes confrontées chacune à la société de son époque : l’Irlande des années 80, brisant des vies de jeunes filles au nom de la moralité, ou celle des années 2010 toujours figée sur ses prises de position morales face à l’avortement par exemple; elle montre également l’autre violence, quel que soit le continent, liée aux dérives de la drogue ou du sexe. Malgré une écriture souvent crue et quelques scènes difficiles, la lecture n’est pas exempte d’humanité ni d’espoir.  (M.M. et A.Le.)

 

La Mer à l'envers - Marie Darrieussecq

Le paquebot sur lequel Rose et ses enfants font une croisière en Méditerranée recueille un groupe de migrants. Prise de pitié pour Younès, jeune rescapé nigérien, Rose lui donne le téléphone portable de son fils. À son retour à Paris, elle reçoit sans arrêt des messages de son protégé, mais n’y répond pas. Ce n’est qu’après être revenue s’installer au pays basque que naît l’idée de le recueillir chez elle. Un jour, Younès appelle de Calais.  Marie Darrieussecq (Notre vie dans les forêts, NB octobre 2017) traite de belle façon le thème difficile des migrants à travers les tiraillements d’une femme entre ses obligations de mère, d’épouse, de pédopsychiatre et son envie d’altruisme. Les occupations quotidiennes laissent le plus souvent peu de place aux élans du coeur ou à l’héroïsme. À quoi ou à qui donner la priorité sans se sentir coupable ? Faut-il faire partager son engagement à ses proches ? Un portrait féminin subtil, dans un style vivant qui mêle justesse psychologique, poésie, ironie, et gravité. Loin d’être misérabiliste ou moralisateur, ce roman souligne les difficultés et les satisfactions procurées par l’accueil inconditionnel de l’étranger. Le sujet est traité avec tact et de façon limpide. (L.D. et T.R.)

 

L'Eté meurt jeune - Mirko Sabatino

Un petit village des Pouilles en 1963 et trois garçons de douze ans : Primo, orphelin d’un père adoré, frère attentif de Viola ; Mimmo, si attendu que sa mère, reconnaissante à Dieu, a décidé de sa vocation de prêtre ; Damiano, fils unique d’une femme si désirable que son mari l’enferme. Aux blessures familiales s’ajoute le harcèlement que leur infligent des voyous. Les trois amis signent un pacte : ils se porteront assistance en toutes circonstances.  Cet été-là, ce serment les entraîne dans un engrenage inexorable.  L’été meurt jeune est le premier roman de l’éditeur Mirko Sabatino. Tout sonne juste. L’écriture inventive restitue l’atmosphère oppressante d’un village italien traditionnel, avec ses animosités, ses malheurs et l’omniprésence de l’Église et du prêtre. Quelques dialogues, quelques gestes suffisent à suggérer subtilement des situations, des rapports humains et à dessiner des caractères, jamais manichéens. Les adultes, parfois pervers, sont surtout faibles ; les trois héros, jeunes mais déjà mûrs : le narrateur conscient d’être chef de famille, le second honteux de sa fragilité, le dernier bravement déterminé. Bien construit, le récit enveloppe le lecteur qui pressent une catastrophe finale. Un très beau roman, bouleversant et sensible, sur la fin brutale de l’enfance.  (L.G. et A.K.)

 

La Nostalgie du sang - Dario Correnti

Dans la région de Bergame, un journaliste fatigué et solitaire, menacé d’une retraite anticipée, prend connaissance d’un atroce fait divers : la découverte, au milieu d’indices rappelant un cérémonial magique, du cadavre d’une femme éventrée portant des traces de cannibalisme. Le mode opératoire conduit une jeune stagiaire du journal sur la piste d’un tueur en série, imitant Vincenzo Verzeni, le premier du genre en Italie au XIXe siècle. Dario Correnti, pseudo cachant le nom des deux auteurs, organise ce premier roman en courts chapitres, alternant la description des crimes anciens au rituel compliqué, celle de l’engrenage vécu par les futures victimes, mais aussi l’histoire personnelle des enquêteurs, souvent lourde à porter. Pris au piège par l’évolution récente du journalisme multimédia, ces deux laissés-pour-compte, le vieux journaliste expérimenté et la jeune stagiaire aux intuitions fulgurantes, utilisent leurs échecs cuisants pour bâtir un tandem efficace. Le suspense habilement mené donne toute sa place aux avancées permises par l’ADN et par les technologies de l’information. La description sociologique d’une région où tout le monde se connaît, mais où la principale vertu est la réserve, laisse deviner bien des non-dits. Malgré quelques longueurs, ce policier original et attachant glorifie réflexion et expérience. (E.B. et A.-M.G.)

 

Les Larmes de l'Hudson - Marie Bernadette Dupuy
Série L'Orpheline de Manhattan - Tome 3

Alors qu'Elisabeth vient tout juste de retrouver son père, installé depuis peu au Dakota Building pour sa convalescence, un nouveau malheur s'abat sur la belle orpheline : son fils Antonin disparaît après avoir échappé à la surveillance de sa famille. Le petit garçon a été vu en train de sortir dans la rue, mais la police perd sa trace au beau milieu de Central Park. Les souvenirs affluent dans l'esprit d'Elisabeth qui ne peut s'empêcher d'envisager le pire.
Elle ne sait que trop bien que les dangers sont nombreux dans le parc pour un garçon de tout juste cinq ans. Lui reviendra-t-il sain et sauf ? Face à cette nouvelle épreuve du destin, son désir le plus cher serait de revoir Justin, mais un océan les sépare... 

 

Le Voyageur des Bois d'en haut - Jean-Guy Soumy

Au XIX e siècle. Le jeune Camille part travailler à Lyon avec des maçons itinérants, venus comme lui de la Creuse. Il poursuivra sa route sur les traces de son père, prétendu mort, en quête de vérité sur la double vie et le passé de ce dernier... A seize ans, Camille part sur les chemins, rejoignant d'autres paysans creusois qui s'en vont jusqu'à Lyon pour " limousiner " : user de leurs bras et de leurs forces pour bâtir des édifices.
Quittant sa mère, fuyant la misère, Camille marche aux côtés de son oncle, avec en tête la figure absente du père. Son père... Une histoire manquée, fragmentée, mystérieuse... L'ouvrier aux mains d'or mais à la réputation ambiguë a disparu, quatre ans plus tôt, dans la grande crue du Rhône de 1856. Ville en pleine mutation, Lyon se dessine avec de nouvelles perspectives, des façades bourgeoises. Lyon, la ville où s'est abîmé son père.
Camille travaille dur : onze heures par jour, à grimper et dévaler des échelles, le panier d'osier rempli à ras bord de mâchefer sur les épaules, à servir les maçons et les tailleurs de pierre. Il apprend bientôt que son père ne serait pas mort, mais " envolé " sur les routes au bras d'une belle Italienne. Après avoir reproduit les gestes de son père, c'est " l'autre " vie de ce dernier que Camille va reconstituer dans une itinérance émaillée de rencontres, d'apprentissages, jusqu'à la frontière italienne... L'auteur fait revivre l'émigration saisonnière, dite " des maçons de la Creuse ", qui a duré plusieurs siècles et façonné le destin de populations rurales vivant notamment en Limousin.

 

J'avais une île - Lorenza Pien

Teresa vit dans l’île de Giglio sur la côte toscane, avec sa grande soeur Caterina, sa grand-mère maternelle et ses parents qui tiennent un hôtel-restaurant. Sa mère, surnommée « la Rouge » pour sa chevelure et ses idées politiques, s’oppose à la venue de deux terroristes « fascistes » tandis que le père vaque tranquillement à ses activités de pêche. Bien que Caterina soit une peste, le lien très fort qui unit les deux soeurs restera indéfectible malgré les soubresauts de la vie.  Dans ce premier roman, la grande et la petite histoire se mêlent à une chronique familiale. Vacances insouciantes, vie locale quotidienne en haute et basse saison, retour aux sources se succèdent dans uns atmosphère insulaire bien dépeinte. Un roman initiatique plus attachant dans les premières parties, celles de l’enfance, de l’insouciance. Descriptive et introspective, l’écriture est factuelle, le ton réaliste. La somme des faits et gestes retrace l’évolution des personnages pendant une quarantaine d’années, des « années de plomb » à l’époque actuelle et finit par former un récit nostalgique et sensible. Une nouvelle voix dans la littérature italienne dans la lignée d’Elena Ferrante ? (D.D. et M.Bo.)

 

Dévorer le ciel - Paolo Giordano

es Pouilles, années 90. Teresa, quatorze ans, rencontre pour la première fois « les garçons de la ferme », celle qui jouxte la maison de sa grand-mère. Sous la direction charismatique de Cesare, Nicola, Bern et Tommaso grandissent dans un profond respect de la nature et de la Bible. Teresa découvre l’amour avec l’énigmatique Bern, à l’insu des autres croit-elle. Elle abandonne ses études pour revenir à la ferme sans imaginer ce que lui réservent les vingt ans à venir.  Paolo Giordano (Les humeurs insolubles, HdN octobre 2015) signe ici un roman magistral dans sa construction en trois temps savamment entrelacés ; l’adolescence, la vie communautaire, l’échec et la fuite. Les Pouilles comme décor et une ferme confite de secrets, dédiée à la préservation de la nature et au refus du monde matérialiste. L’auteur aborde avec sensibilité les rapports complexes d’une jeunesse en quête d’idéal confrontée à la réalité et à leur envie de changer le monde, ils veulent Dévorer le ciel. Il déroule une saga palpitante entre amour, amitié, rivalités, rêves et désillusions. (C.P. et L.C.)
 

Ceux qui partent - Jeanne Benameur

À Ellis Island en 1910, Andrew Jónsson cherche à capter dans l’objectif de son appareil photo tout ce qui peut relier les nouveaux immigrants à leur histoire ancienne ; c’est aussi une façon pour lui de comprendre ce qui le rattacherait à ses propres racines. Au seuil de leur nouvelle vie, Donato, Emilia, Esther et Gabor entrecroisent leurs destins tandis que le jeune photographe new-yorkais découvre les non-dits de ses origines.  L’écriture de Jeanne Benameur (L’enfant qui, NB juillet-août 2017), sensuelle et poétique, saisit admirablement les moments furtifs où les souvenirs de toute une vie, heureux ou douloureux, reviennent lorsque tout bascule dans l’aventure de l’exil. Les personnages bien typés donnent à voir la réalité multiple de l’immigration au début du XXe siècle. Qu’ils soient arméniens, italiens ou bohémiens, ils fuient la misère, la guerre ou des blessures intimes : ils ont tous le désir profond de vivre leur nouvelle liberté. Mais ils gardent au fond d’eux-mêmes leur langue, leur métier et la mémoire de ceux qui ont disparu trop vite. C’est ainsi qu’ils préservent cette richesse qui leur donnera le courage de vivre leur déracinement. Un livre magnifique sur la mémoire et l’exil.  (S.D. et A.-M.G.)

 

Le Vin de Pâques - Élise Fischer

En avril 2001, à Nancy, Annelise, journaliste quinquagénaire, est chargée par France 3 de faire un reportage sur la distribution du « vin de Pâques », rite ancestral qui a lieu chaque dimanche pascal dans un village du Toulois au bord de la Moselle. Ce déplacement lui rappelle le camp de louveteaux qu’elle a organisé dans la région en septembre 1969 comme cheftaine, quelques jours avant son mariage prévu avec Marc, jeune architecte. Bien des péripéties avaient émaillé ce séjour, en particulier ses premiers élans amoureux pour le bel instituteur du coin…  

Fidèle à sa Lorraine natale, Elise Fischer (La promesse du sel, NB janvier-février 2019) nous donne cette fois un roman contemporain dont l’action se passe en 2001, avec des réminiscences de la période post 1968, et des secrets remontant aux horreurs de la déportation. Comme toujours elle met en scène des personnages sympathiques, une famille actuelle qui accepte divorce et amour libre, une héroïne courageuse élevant seule ses enfants, se souciant aussi de ses vieux parents, et toujours prête à aider les plus faibles. Les coïncidences trop flagrantes accentuent le côté mélodrame du récit parfois un peu long, mais le savoir-faire de l’auteure en fait une lecture attachante.  (E.L. et L.G.)

 

Le Baiser de l'ogre - Elsa Roch

Alerté par Lise Brugguer, son adjointe à la Crim’, Amaury Marsac découvre dans le hall d’un immeuble parisien un sexagénaire mort d’une balle dans la tête et Lise très gravement blessée. Avant d’être hospitalisée et de sombrer dans le coma, elle lui demande en secret de s’occuper de sa fillette autiste. La victime, droguée, alcoolique, venait d’acheter à crédit un salon de massage louche. Marsac et son bras droit se liguent pour protéger l’enfant et démêler l’imbroglio. Pourquoi Lise Brugguer était-elle mêlée à un règlement de compte ?  Elsa Roch est psychologue et écrivaine. Son troisième roman est découpé en chapitres courts, bien écrits. Face aux truands, dont « l’Ogre », les personnages sont attachants et finement campés. Les deux gradés meurtris par les épreuves, guettés par la lassitude comme beaucoup de policiers aujourd’hui, restent néanmoins fidèles à leurs idéaux ; l’équipe soudée est déçue que leur chef leur cache inexplicablement une partie des faits. La femme terriblement blessée et mutique et son enfant innocente illuminent ce livre très prenant… L’intrigue se déroule à Paris sur une semaine. Le passé fait irruption dans le présent et éclaire progressivement les zones d’ombre jusqu’au dénouement final inattendu.  (L.G. et C.
 


 

 

 


 


 

Bandes dessinées

 

Les Parents de Max et Lili sont accros au portable
Série Max et Lili Tome 121

Plus moyen de parler aux parents ! Dès le matin, ils sont sur leur portable. Le soir, ils s'endorment avec... Max et Lili se sentent oubliés... Ils décident de réagir. Ce livre de Max et Lili parle de l'addiction des parents au téléphone portable et du sentiment d'abandon et de solitude des enfants. Ils peuvent souffrir d'un manque d'attention, de tendresse et de paroles... quand les adultes sont là sans être là.
Une histoire pour comprendre que cet outil numérique extraordinaire est devenu indispensable pour le travail et la vie quotidienne. Tout est possible tout de suite, c'est une révolution ! Mais il faut y mettre des limites si on ne veut pas y passer tout son temps et en devenir prisonnier. Et enfin retrouver, pour de vrai, ceux qui sont tout près... ! 

 

Attention, école !
Série L'Elève Ducobu Tome 24

Lire ou conduire, il faut choisir ! Quand Monsieur Latouche se pique de donner des cours de sécurité routière, il vaut mieux s'accrocher. Même si Ducobu se fera un malin plaisir à accumuler les sorties de route... Qui a dit qu'on ne pouvait pas faire du tennis en classe ? Ou y proposer un débit de boissons ? Le combat sera rude entre Léonie et Ducobu pour être le premier sur la ligne d'arrivée ! 

 

 

The XIII History
Série XIII - Tome 25

Pour satisfaire son chef, Randolph McKnight, Dany Finkelstein doit lui proposer un nouvel article en béton. Et justement, il vient de recevoir des documents qui promettent de faire une fois encore des ravages. Ceux-ci sont en lien direct avec l'enquête menée par l'aîné des Finkelstein et Warren Glass, ainsi que le travail du cadet, The Kelly Brian Story. Non seulement ces découvertes risquent de mettre à mal l'image idéalisée des origines du pays et de ses premiers colons, mais également de briser la réputation de certains de ses dirigeants actuels, candidats à la présidence.
Du moins, si Finkelstein parvient à publier ces informations, car les espions rôdent et cette affaire dérange de nombreuses personnes haut placées qui aimeraient voir cette publication tuée dans l'oeuf... 

Pour adultes

 

 



 


Septembre 2019

 

Le Vrai Michaël Swann - Bryan Reardon

Julia, Michael et leurs enfants vivent dans une banlieue aisée du Delaware, entourés d’amis. Michael est souvent absent. Il appelle sa femme un soir d’une gare de New York. Quelques minutes après, un communiqué annonce un attentat terroriste meurtrier. Julia, bouleversée, n’arrive pas à joindre son mari. Plus tard, sur l’écran de télévision apparaît le visage du principal suspect : Michael. Julia est convaincue de son innocence.  Bryan Reardon dépeint le caractère de chacun des principaux intervenants avec justesse. Le suspect, en état de choc, devenu amnésique, vit dans un monde irréel. L’héroïne, admirable de courage, protège ses enfants et se sent pousser des ailes pour défendre son mari. Elle défie les médias omniprésents autour de la maison et la police qui, aidée du FBI, recherche activement le présumé coupable. L’intrigue est entrecoupée de réminiscences du passé et les chapitres en alternance, de plus en plus courts au fur et à mesure de cette course à la vérité, décrivent l’état d’esprit de chacun des deux époux. Débouchant sur une fin inattendue, cet ouvrage ménage le suspense et se lit sans déplaisir malgré des analyses psychologiques redondantes et quelques leçons de morale.   (C.M. et M.S.-A.)

 

Le Rêve de l'Okapi - Mariana Leky

Dans la campagne allemande, un village en émoi : Selma a rêvé d’un okapi, c’est le signe que quelqu’un va mourir dans les 24 heures. Vérité ou superstition, tout le monde se prépare à son dernier instant. Luise, la petite-fille de Selma, observe les comportements de son entourage : son père pris d’une envie de voyage, sa mère qui passe son temps avec Alberto le glacier, l’opticien amoureux en secret de Selma, Martin, son ami pour la vie, le chien Alaska… La mort va frapper là où on ne l’attendait pas. Ce sera dur. Mais le temps apprend à vivre avec les chagrins. Luise, la narratrice, porte un regard d’enfant sur l’existence. Elle a 10 ans mais garde en grandissant ce regard singulier et charmant. On se laisse porter par l’écriture inventive qui fait exister des êtres attachants et décalés se débattant avec leurs secrets ou leurs fantasmes. Les petites choses de la vie se mêlent aux grandes. Et l’on comprend que vivre c’est apprivoiser l’amour et la mort. Ce roman le démontre avec une infinie délicatesse teintée d’humour. On s’y plonge avec délice et une fois le livre refermé, on quitte à regret ses personnages. (F.E. et C.B.)

 

Dégels - Julia Phillips 

Deux soeurs de huit et onze ans sont enlevées dans la capitale du Kamtchatka, péninsule située en Extrême-Orient russe. Une femme a vu l’enlèvement et a pu fournir un vague signalement de l’homme et de sa voiture. Bien qu’elle se raréfie au cours des mois, l’émotion nourrit les conversations et vient perturber la vie d’une dizaine de femmes : mère, amies, voisines, témoin, policières…  Julia Philips a vécu deux ans au Kamtchatka avant d’écrire son premier roman. L’histoire qui suit le premier chapitre en révèle plus sur cette province que sur le mystère de l’enlèvement : la nostalgie de l’URSS « d’avant », le racisme des Russes « blancs », la misogynie latente, la corruption, la violence faite aux femmes et la force du mot « destin » dans l’âme russe. Le récit avance mois par mois comme onze nouvelles traversées par un même fil : des portraits de femmes admirables ayant un rapport avec « l’affaire ». De son écriture puissante et sophistiquée, Julia Phillips offre un roman littéraire et sociologique, construit comme un thriller, dont la fin laisse abasourdi. Avec Dégels, le cercle des écrivains s’agrandit. (C.Go. et M.-F.C.)  

 

Les Petits de décembre - Kaouther Adimi

Alger, Février 2016. Trois enfants, Inès, Jamyl et Mahdi, jouent au foot sur le terrain vague de la cité du 11 Décembre 1960, mémoire des manifestations indépendantistes. Le temps a passé, mais l’opposition au pouvoir des chefs reste vivace. Mohamed et Chérif, retraités de l’armée, déplorent cet état de fait après avoir dû y obéir. De loin, ils observent les conciliabules des enfants. Se doutent-ils que la colère gronde depuis que deux généraux ont prétendu être propriétaires de ce lieu réservé aux jeux de ballon ?  Kaouther Adimi parle à nouveau avec amour de son pays (Nos richesses, NB octobre 2017). Elle admire le courage des femmes, plébiscite une jeunesse éprise de liberté et revendique avec elle l’abolition de la dictature militaire. Grâce au journal d’une moudjahida, elle retrace l’Algérie, de la colonisation à l’indépendance, les partisans des traditions affrontant les tenants de l’ouverture, l’islamisme opposé à l’émancipation des femmes, à l’avènement de la démocratie. Trois générations finement analysées, des portraits ciselés par une écriture limpide mêlant émotion et références historiques : que d’atouts pour ce roman vivant, bien construit. Une belle réussite ! (M.-A.B. et J.D.)

 

Un Pur - Isabelle Desesquelles

Jumeaux, Benjamin et Julien sont flanqués d’une mère fantasque qui leur témoigne un amour immodéré. Ils ont huit ans lorsqu’en villégiature à Venise un prédateur a choisi en Benjamin sa proie. Trente ans plus tard, au procès qui se tient, ce dernier raconte l’enfance abusée, les cinq années de calvaire, ses compulsions à répéter l’abus, mais garde pour Julien son aveu le plus intime.  Après l’émouvant Je voudrais que la nuit me prenne (NB novembre 2018), Isabelle Desesquelles va plus loin dans un livre magnétique et troublant dont on sort ébranlé. Dans un exercice délicat, avec pour seul rempart la finesse de son écriture, elle aborde le viol, l’emprise du ravisseur jouant sur la peur et la culpabilité, ses « bontés » dans lesquelles l’enfant puise le courage d’affronter ce qui suit, ses rituels maniaques. Adulte, les traces sont significatives. Fantasmes et pulsions le hantent et le lecteur est tendu vers un basculement toujours possible. Gémellité et vie volée du jumeau dont la mère ne voit en lui que le frère absent constituent l’épilogue. Pourquoi le garçon n’a-t-il pas fui ? Le mystère n’est levé qu‘en fin de récit, une chute à couper un souffle suspendu depuis longtemps déjà… Magistral !  (Maje et S.D.)

 

Soif - Amélie Nothomb

Jésus vient d’être arrêté et assiste, désarmé, à son procès. Les miraculés, au lieu de le soutenir, l’accablent. Ponce Pilate lui accorde une ultime nuit avant la cruelle et infamante crucifixion. Face à la mort, le Christ ne cache pas sa peur de la souffrance puis raconte chaque étape de son épouvantable calvaire, soutenu par l’amour de Marie-Madeleine et de sa mère.  Amélie Nothomb (Les prénoms épicènes, NB novembre 2018) propose un nouvel Évangile en rapportant le monologue intérieur d’un Christ soucieux de « corriger » les récits des Apôtres. Jésus se veut pleinement humain et célèbre en épicurien tous les plaisirs des sens que permet l’incarnation. Il ne recule pas devant le blasphème et remet en question certains dogmes, comme la Rédemption. Ce Christ humaniste et amoureux rejette avec force le culte du martyre et se désole de savoir que la postérité vénérera un sacrifice que rien ne justifie. Ce roman très inspiré exalte la figure d’un Christ bienveillant et humble mais aussi iconoclaste. L’auteure propose une définition séduisante de la foi, en filant la métaphore de la Soif, à une époque où le mysticisme se confond parfois avec le fanatisme.  (A.K. et A.-M.D.)

 

La Fiancée de la guerre - Gilles Laporte

La promesse d'un fils à son père adoptif, héros méconnu de la guerre : revenir dans le village natal de celui-ci, retrouver sa famille lorraine, renouer les liens avec elle. Lui dire, peut-être, toute la vérité ? Un roman qui évoque la nécessité d'une quête filiale et la force du souvenir. " S'il m'arrive quelque chose, tu iras leur dire combien je les aimais. " A tous, Adolphe Lamesch a laissé un vide immense.
C'est sur ses traces que cinquante ans plus tard Robert Forester part à Châtel-sur-Moselle pour rencontrer les membres de sa famille et leur porter les mots de celui qui accompagna son enfance en Angleterre. Telle une promesse, à la mémoire du jeune Lorrain engagé parmi les premiers dans le sillage du général de Gaulle, disparu en mer à bord du torpilleur des Forces navales françaises libres La Combattante en 1945.
Pour sa mère Berthe, l'espoir de revoir son fils vivant n'avait jamais vacillé. Elle laissait toujours sa porte ouverte, au cas où... Parce qu'elle détenait dans ses lettres le secret d'Adolphe. Un secret troublant, plein de vie et de résilience. Qu'elles étaient deux à partager... Un roman bouleversant qui rend hommage à un héros discret de la Seconde Guerre mondiale, et dans lequel s'impriment la force du souvenir et le courage des femmes.

 

La Fille qui devait mourir - David Lagercrantz
Série Millénium Tome 6

À Stockholm, un mendiant est retrouvé mort dans un parc, certains doigts et orteils amputés de longue date. Le médecin légiste trouve cette mort suspecte et contacte Mikael Blomkvist, reporter au journal Millénium, dont le numéro de téléphone figure dans la poche du cadavre. De son côté, Lisbeth Salander, hacker de génie et amie de Blomkvist, sait que l’affrontement final avec sa soeur Camilla, proche des services secrets russes, arrive. Une seule d’entre elles survivra…  Dans cet ultime épisode de la saga Millénium, David Lagercrantz (La fille qui rendait coup pour coup (Millénium ; 5), HdN octobre 2017) met en scène les héros créés par Stieg Larsson avec toutes leurs contradictions et imperfections. Recherche de scoops, scandales politiques, agents doubles, intrigues alambiquées émaillent son récit, mais le plus important se cache dans le passé traumatisant des deux soeurs. Le style est haché, les phrases courtes et le rythme soutenu. Le trop grand nombre de personnages, certains très falots, déstabilise et seule une lecture attentive permet de s’y retrouver. Quelques situations sont invraisemblables, mais les sentiments contradictoires sont bien rendus. Un dernier roman compliqué, à l’image des deux ouvrages qui l’ont précédé. (D.M.-D. et S.L.)

 

Dans les yeux d'Ana - Christian Laborie

Ana, quarante et un ans, meurt dans un accident de voiture. Sa fille Sarah, qu’elle a eue à dix-sept ans en 1945, ne sait rien du passé de sa mère ni du mystère de sa naissance. Sa vie paisible et bourgeoise à Lausanne bascule quand elle apprend, par le courrier d’un notaire français, qu’elle devient légataire universelle d’une inconnue. Elle part dans les Cévennes, prend possession d’une maison de village et y découvre, dans une cave qui a servi de cachette à sa mère Ana, son journal qui s’arrête brutalement en 1944.  Christian Laborie (L’enfant rebelle, NB novembre 2015) emmène son lecteur de Genève jusque dans les Cévennes, sa terre de prédilection. De nombreux livres ont déjà relaté cette période particulièrement tourmentée, la persécution des Juifs par les nazis, leur déportation, l’occupation allemande de la France, la collaboration, la Résistance. Ici, il s’agit du tragique destin d’une famille de Juifs polonais pourchassés de pays en pays. On est ému par la simplicité du récit, le courage et l’amour de la vie de la jeune héroïne. La vision assez juste de la France de l’époque ne tombe pas dans le manichéisme, lâcheté et générosité coexistent. (C.M. et M.S.-A.)

 

Au loup - Lisa Ballantyne

Londres. Angela va avoir treize ans. La jolie petite fille est devenue une adolescente ingrate, boulotte, mal dans sa peau, agressive et ingérable. Après une tentative de suicide, elle accuse son professeur de théâtre d’agression sexuelle. C’est le début d’un engrenage infernal pour Nick, acteur de série devenu enseignant, marié et père de famille modèle.   Au loup (le titre anglais que l’on peut traduire par « petite menteuse » est plus explicite) est le troisième ouvrage de Lisa Ballantyne (Le piège de la mémoire, HdN février 2016). Dans ce thriller classique, au style enlevé, les chapitres alternent, reprenant les conséquences d’une dénonciation sur chacun des protagonistes, dévoilant peu à peu leur part d’ombre. La psychologie des deux familles confrontées au traumatisme de la violence sexuelle sur mineure est décrite de façon crédible. Les rebondissements de l’enquête – le lecteur ne sera pas déçu – sont autant d’occasions de stigmatiser l’impact des procédures judiciaires largement diffusées par les médias, aussitôt relayées par les réseaux sociaux : peu importe la culpabilité ou l’innocence, loin de la sérénité qui s’impose dans ces affaires si sensibles de pédophilie. La société se montre avide d’exemplarité, mais à quel prix ?  (A.-C.C.-M. et M.-C.A.)

 

Nous étions  nés pour être heureux - Lionel Duroy

Paul écrit depuis trente ans des romans sur le désastre familial que fut son enfance. Ses neuf frères et soeurs ont pour la plupart rompu avec lui, honteux de voir leur histoire révélée au grand jour, et ses quatre enfants ne connaissent ni leurs oncles et tantes, ni leurs cousins germains ; et voici que la fratrie entreprend de s’excuser auprès de lui de ce long rejet. Heureux, Paul les invite à déjeuner dans sa maison champêtre…  La journée de fête est orchestrée par Paul, qui revient sur son passé à la lumière du présent. Après Le Chagrin (NB juillet 2010), Colères (NB juin 2011), Vertiges (NB novembre 2013), Eugenia (NB mai 2018), l’auteur dissèque encore son histoire dont l’écriture l’a sauvé de la dépression : elle est sa vie. Les personnages sont profondément humains, partagés entre une vieille affection et une certaine forme de rejet dont ils arrivent à parler ensemble et qu’ils apprivoisent. Les petits-enfants, certains souvenirs, la simplicité de la vie rustique enchantent cette journée de retrouvailles d’où, grâce à l’affection, peur et colère semblent exorcisées et Paul se surprend lui-même dans son acceptation de l’altérité. Une sage tendresse habite ce livre. (E.B. et C.-M.T.)